Compte rendu télégraphique
Entretien du 31 juillet dernier de 13h00 à 14h15 entre le Ministre d’État, Nicolas Hulot et des parlementaires des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques.
La plupart d’entre nous ont eu l’occasion de dire aux médias, qui ont bien voulu nous interroger, ce qu’avait donné cette rencontre. Pour ma part, il me semble utile d’insister ou du moins de compléter quelques éléments de discussion qui me paraissent essentiels. Nicolas Hulot m’a accueilli à 12h 30, comme nous en étions déjà convenus avant que cette grande réunion d’hier ne soit programmée. Nous avons eu l’occasion de discuter en tête à tête de tout ce qui nous réunissait mais aussi de nos profonds sujets de désaccord. J’aurai l’occasion d’y revenir.
A la réunion qui s’en est suivie, il est immédiatement entré dans le vif du sujet. Nous sommes tous tombés d’accord sur le fait que le dossier de l’ours était un dossier hors-normes qui ne ressemblait à aucun autre. Il a la capacité d’enflammer en quelques jours un territoire brutalement concerné par l’arrivée d’un plantigrade et de faire perdre la raison à tous ceux qui, si soudainement, se retrouvent happés par le débat.
L’ensemble des parlementaires présents a tenu le même langage de manière déterminée : La venue de deux ours en Béarn n’est absolument pas possible dans l’état actuel des choses, ni aujourd’hui, ni demain.
Nicolas Hulot a tiré les enseignements de ce constat en affirmant : « Aucun consensus n’est possible entre nous et pourtant je vais être obligé d’agir… » Je lui ai alors dit :« Cher Nicolas, je vais terminer ta phrase pour éviter toute équivoque future (…) La République Française s’apprête à introduire d’autorité, contre la volonté déterminée des montagnards, deux ourses sans se soucier le moins du monde des conséquences que ce coup de force entraînera… » Complément de phrase a suscité un émoi perceptible parmi les présents et en particulier de la part de Nicolas Hulot qui a tenté de se défendre. Il a alors ajouté que s’il n’introduisait pas ces deux ourses, il serait obligé de démissionner. Nous lui avons demandé pourquoi. Sa réponse a été qu’il serait irrémédiablement condamné sur le plan national, européen et mondial. La France serait également durement sanctionnée par l’Union Européenne.
Je lui ai alors demandé quelle était la qualité et au nom de qui cette meute de censeurs allait s’y impitoyablement le sanctionner. Il a répondu qu’il y aurait tout d’abord le Museum d‘Histoire Naturelle, si important et dont les avis pèsent tant sur la France, l’Europe et le monde. Ensuite, après avoir sensiblement dit le contraire une demi-heure avant mais en demandant à sa directrice de Cabinet, Madame Pappalardo, de vérifier ce fait, il nous a dit : « La directive habitat qui nous engage totalement conduira l’Europe à nous sanctionner financièrement. » Il a évoqué ensuite les pays auxquels nous demandions des efforts par rapport à leurs tigres, éléphants, lions… Il a indiqué que la France perdrait toute crédibilité nationale et internationale.
Je lui ai dit alors qu’effectivement s’il partait sur ces bases, il ne pouvait que s’attendre au pire. S’il acceptait, lui-même, les règles de cette mafia virtuelle mise en place à travers le monde entier et, plus particulièrement, en France et en Europe depuis une cinquantaine d’années par le capitalisme le plus féroce et le plus destructeur à l’égard de l’Homme que nous ayons jamais connu, sa cause était entendue.
Il sera emporté tel un fétu de paille par la surenchère permanente que la terrifiante pieuvre spéculative, laquelle ne cache même plus son projet de détruire l’Homme à très grande échelle. Elle réunit les pires ennemis de la planète qui ont sciemment mis en place un paravent inviolable pour éviter à notre époque devenue de plus en plus concentrée et coupée de tout lien avec la réalité de la nature de comprendre leur sinistre projet.
Oui, ces destructeurs apportent tous une participation financière à de grandes organisations mondiales de communications chargées, entre autre, de reverdir des milliards d’euros d’argent sale tout en verdissant la pollution massive à laquelle ils se livrent. Ils organisent la mise en place de « poches de sensiblerie » (pas de sensibilité) pour des Hommes à tout jamais déracinés de leur nature afin de mieux abuser d’eux. « Tu perdras » lui ai-je dit, « commence par le Museum d’Histoire Naturelle. Il constitue un site prestigieux de notre bien commun. Malheureusement, hélas, sur le plan humain, il n’est plus qu’un enfer peuplé de vieilles barbes cyniques sédimenté par couches successives qui ne parle plus que de nature. Ils ne la vivent pourtant plus et pour la plupart, n’ont jamais eu affaire à elle. L’immense majorité d’entre eux n’a aucun mérite, si ce n’est celui de l’opportunité. Quelques-uns seulement, de plus en plus rares, ont écrit des morceaux d’anthologie. Les autres passent leur temps à ressasser la même haine inexpugnable qu’ils vouent à l’Homme. Ils égrainent tel un chapelet morbide presque en s’en réjouissant la liste des espèces en voie de disparition. Ils savent pourtant qui sont les vrais destructeurs : c’est ceux-là même qui les ont mis en place. Vieilles barbes autoproclamées Paris Cedex. Tu ne vas pas te perdre mais au contraire te grandir si tu as le courage de renoncer à ce projet. Oui, le premier à dénoncer cette terrifiante escroquerie intellectuelle et humaine mise en place depuis si longtemps. Recomposons ensemble le Museum d’Histoire Naturelle. Installons-y 15% de bergers, eux au moins connaissent la nature d’hier, d’aujourd’hui et, peut-être, de demain. La France n’a strictement aucun besoin de la directive habitat, ni de la convention de Berne qu’elle a pourtant tant contribué à mettre en œuvre. Laissons les toutes entières à ceux qui les veulent. Si tu commences ça Nicolas, loin d’être bafoué, tu seras honoré par tous les opprimés et morts-vivants de ce terrifiant système. Je t’y aiderai. » Il s’est défendu en disant que cela était impossible et plus encore…
J’ai conclu en lui disant que ça « n’est pas plus impossible que de réintroduire deux ourses parmi des Hommes qui savent désormais que le problème n’est plus d’accueillir deux ourses ou pas. Le problème c’est leur disparition à eux qui a été froidement programmée. Un Homme, un animal, une maman et son enfant qui se savent perdus tenteront toujours l’impossible pour s’en sortir. Tu parles de disparition d’ours dans les Pyrénées, il y en a une bonne quarantaine en leur cœur, notamment en Ariège. L’ours va et vient et se déplace. Il n’est absolument pas en disparition, ni dans les Pyrénées, ni dans le monde. Tu parles de consanguinité, l’État eût-il les mêmes préoccupations lorsque des cousins se marièrent entre eux par milliers. Non. Ils étaient appelés à Valmy, à Sedan, à Verdun. Leur femme et leurs enfants n’étaient que misère, deuil et sanglot. Oui l’Homme de la montagne, de nos forêts et même de nos plaines a acquis la conviction que c ‘est sa disparition pure et simple qui a été programmée par « les sachants ». Oui, l’Homme acculé s’est toujours battu à la vie à la mort. Presque toujours en vain il est vrai. »
L’un des parlementaires présents lui demande alors s’il sera plus avancé lorsqu’il devra annoncer que les deux ourses qu’il vient d’introduire dans les Pyrénées sont mortes et qu’il y a deux Hommes en prison…Un autre lui fait part de sa surprise devant la division des aspois qui, dimanche dernier, n’ont pas hésité à organiser deux foires au fromage différentes. Celle des pro et des anti ours. Comme si c’était si simple. Il a dit que le plus incroyable à ses yeux était que les plus concernés par le problème s’étaient pratiquement tous retrouvés dans la foire non-officielle annoncée juste trois jours auparavant. Leur mot d’ordre était : « nous voulons des vallées vivantes. Des vallées qui accueillent à nouveau des bergers et des bergères, des enfants ».
Pour ma part, j’ai conclu mon propos à Nicolas Hulot en lui disant que la France était l’un des rares pays au monde a n’avoir pas triché sur un point : « Oui il existe encore chez nous un véritable pastoralisme. Encouragé, il se perpétuera et génèrera une économie durable avec des produits de grande qualité, en entretenant les merveilleux paysages devant lesquels le monde entier s’extasie. Pour la plupart des autres pays souvent cités en référence, il n’y a plus que des pseudos bergers vivant une misère crasse ou des bergers d’opérette, salariés de l’administration faisant mine de garder de minuscules troupeaux qui ne leur ont jamais appartenu dans l’espoir que l’ours, souvent « clochardisé » vienne les attaquer afin de justifier leur propre existence. Tu ne gagneras jamais le cœur de ceux qui pourtant t’aiment bien mais savent que malgré toi, tu entraineras leur mort celle de leurs enfants, de leurs troupeaux… Ta démission n’y changera rien. Ils savent que tu auras un successeur. Il aura le même projet que le tien puisqu’il ne pourra exister qu’à travers ça… »
Ces 2h45 d’échanges m’ont paru utiles, je remercie Nicolas Hulot de les avoir permises. Elles ne changeront rien pourtant s’il n’y a pas une prise de conscience plus large des vrais enjeux. Il n’y a aucun changement possible tant que ce sujet restera un sujet d’affrontement électoral de bas étage.